“Le début des haricots”, de Fanny Nodet-Gayral

Temps de lecture : 3 min

Résumé

Anna, trentenaire au régime alimentaire aléatoire et à la vie sentimentale en dents de scie, exerce brillamment le métier de médecin urgentiste dans un hôpital parisien. Comme chaque année, son père, cardiologue autoritaire et réputé mais phobique de l’avion, envoie sa fille à San Francisco afin de présenter ses derniers travaux dans un congrès prestigieux. Au lendemain d’une garde particulièrement mouvementée, Anna s’envole sans grande conviction vers les États-Unis, par crainte des foudres paternelles plus que par réelle motivation scientifique. Alors lorsqu’elle remarque à l’aéroport le panneau indicatif d’un stage de thérapie sur le thème du courage, elle se dit qu’il est peut-être temps de faire quelque chose… Entre saucisses-frites sauce surmenage et méditation végétarienne sans gluten, «le début des haricots» est une comédie trépidante et drôle, un concentré irrésistible d’humour, d’amour et de poésie.

Avis de PrestaPlume ♥♥♥

Titre accrocheur, à double entrée. Une invitation à la découverte. Fanny Nodet-Gayral signe là un deuxième roman à rebondissements, aux ressorts très ingénieux. Je me suis laissée entraîner sans résistance par l’histoire d’Anna, brillante urgentiste dans un hôpital parisien. Elle aime les enfants, mais surtout sa nièce Julia qu’elle garde tous les mercredis. Elle est seule dans sa vie, les médecins qu’elle côtoie la laissent de glace. Elle traîne aussi son boulet : un père tyrannique, appelé Bombardier par les internes de son service. Et sa cible préférée est sa fille Anna avec laquelle il est exigeant et autoritaire. Anna se trouve lâche, mais ronge son frein. Son père occupe le centre de l’univers tant familial que professionnel, et elle s’y conforme, contrainte et forcée par sa “lâcheté”.

La veille de se rendre en Californie pour présenter les travaux de son père à un congrès réunissant des pontes de cardiologie, elle commet une erreur capitale. Son patient, un avocat surmené, fait un malaise cardiaque alors qu’elle avait diagnostiqué une angine. Elle est bouleversée ; hagarde, elle ne peut réagir. C’est dans cet état d’esprit et à reculons qu’elle atterrit à l’aéroport de San Francisco. Là, une pancarte aimante son attention désœuvrée. Il lui suffit de quelques secondes pour prendre sa décision. Elle va lâcher le congrès, et donc désobéir à son père, pour intégrer le stage de psychothérapie intégrative. Le thème est évocateur : “Courageux : l’être, le devenir”.

Une bifurcation qui va être le point de départ d’une transformation merveilleuse, avec un thérapeute attentif et accueillant et dans un groupe de sympathiques inconnus. Pendant une semaine, elle va apprendre à se relâcher, méditer, manger autre chose que des frites et du ketchup, ressentir et l’exprimer. Elle y rencontre aussi l’amour en la personne d’Alex, un kinésithérapeute doux, sincère, sensible et gentil aux mains de feu. Au fil de cet apprentissage, on suit Anna avec curiosité et intérêt dans le changement intérieur qui est en cours. Jusqu’à la fin, on est touché par ce qui lui arrive.

Si l’histoire est très bien imaginée et construite habilement, avec un vrai talent narratif, l’écriture pâtit de lourdeurs. Elle est pourtant très intéressante, neuve parfois, avec ici ou là de belles fulgurances. Il aurait pu y en avoir tout au long du livre tant la poésie transpire et ne demande qu’à s’affirmer. Mais elle est gommée, édulcorée, par une surcharge de termes médicaux. Trop, c’est trop. Le récit en est ralenti. On sent que l’auteur a de grandes connaissances en la matière, sous couvert de jeux de mots et de métaphores absconses pour celles et ceux qui n’ont pas fait leur première année de médecine. Mes yeux les ont sautés allègrement pour rester en contact avec l’héroïne, je ne voulais pas la perdre. Et le parti pris de ne pas faire de distinction entre le récit et les dialogues ajoute à l’effort d’attention. Je n’ai pas été sensible à l’humour proposé. Je sentais l’énergie déployée pour rendre l’écriture légère. À mon sens, la dérision s’entrechoque avec l’énergie propre de l’émotion qui prédomine. J’aurais aimé qu’elle ne soit pas brouillée par des effets, pour moi, dérisoires.

Somme toute, je suis convaincue que ce n’est, pour Fanny Nodet-Gayral, que le début des haricots, comme l’indique le titre. Je souhaite à l’auteur de poursuivre sur cette lancée prometteuse, pour nous plonger dans une autre belle histoire attachante et singulière que je découvrirai avec plaisir. Un auteur à suivre.

Janvier 2016, 156  pages, 6,90 €

SP

 

 

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