“Côté chambre, côté jardin”, Joseph-Antoine d’Ornano

Temps de lecture : 2 min

 

EXTRAIT

“Le mystère qui entoure les jardins tient peut-être en ceci, qu’à leur manière, ils ont pris le relais des chambres. Certes on ne naît pas dans un jardin, on y meurt rarement, mais juste après la naissance et juste avant la mort, on aime bien s’y retrouver de sorte que, dans un même espace, enfance et vieillesse y font toujours bon ménage.”

 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥

Côté chambre, côté jardin” invite à une douce et aimable introspection qui chemine entre poésie et dessins dans les allées du grand jardin des souvenirs. Dans sa quête, le peintre Joseph-Antoine d’Ornano prend le bras du lecteur pour lui conter, tout bas, en toute amitié, le bruissement léger des sensations qui ressurgissent, par extraordinaire, au détour d’un bosquet ou d’une fontaine, à la faveur d’une lumière particulière, qui en rappelle une autre, plus intime. Celle qui a accompagné sa naissance. Une lumière crémeuse d’un début d’après-midi de janvier. Ce même teint crémeux qui habille aujourd’hui d’un ton unique sa pensée et ses vingt-neuf aquarelles.

Le lecteur s’attache à ce promeneur des songes, attaché aux mystères, qui regrette tant qu’une carte collective des rêves n’existât pas, pour les comparer et en étudier la migration d’un continent à l’autre. Il le suit avec intérêt et curiosité dans les jardins qui renferment, par essence, tous les secrets de la vie, une sorte de passerelle mémorielle entre l’avant et l’après, entre l’enfance et la vieillesse, comme l’était autrefois la chambre de la maison où l’on naissait et mourait. Un passage non linéaire, d’un espace à un autre. Et entre les deux, un mystère plus grand. Un vide pourrait-on craindre… Et pourquoi cette ligne de démarcation ne rassemblerait-elle pas une infinité de choses : des regrets, des émotions, des situations oubliés ?

Ce déplacement de la chambre au jardin n’est pas dérangeant. Même s’il l’était, qu’y faire ? L’évolution de la société impose ses choix à chacun. Mais, on n’y perd pas au change, les jardins sont un vaste terrain de jeu, un théâtre de rôles, une mine d’enseignements. Les enfants qui jouent, les couples qui s’unissent et se désunissent, les vieillards qui s’entretiennent avec leur animal, les solitaires qui s’évadent en lisant, et même le gardien du Temple, poussant sa gravité au rythme de sa brouette, qui veille à prendre soin des fleurs comme c’eut été l’acte suprême, le seul qui importe. Ces mêmes fleurs qui accompagnent chaque étape de la vie des hommes. De leur naissance à leur mort.

Côté chambre, côté jardin“, récompensé cet été par le “Prix du Livre Insulaire 2016” catégorie “Littérature générale”, est une méditation bucolique, un mantra pour l’essence de la vie qui, en interrogeant les impressions de l’auteur, convoque celles du lecteur. Un petit Éden discret et privatif. Alors, profitons de l’aubaine de cette porte ouverte pour entrouvrir le portillon de votre mémoire profonde. Et si cette profondeur nous échappe, ne résistons pas ! Attendons notre heure. Peut-être, un jour, en marchant sous une charmille, les pensées au vent, la résurgence se manifestera-t-elle ? C’est tout le bien que l’on peut se souhaiter !

 

Éditions Michel de Maule, novembre 2015, 67 pages, 18€.

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