“Ça reste entre nous”, un cœur à cœur irrésistible !

Temps de lecture : 4 min

 

THÉÂTRE & CO 

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llAvis de PrestaPlume ♥♥♥♥♥

llVoici un binôme d’une valeur sûre, pour nous, spectateurs en quête de rires et de bonne humeur. Deuxième mise en scène d’Olivier Macé sur les textes de Brigitte Massiot, « Ça reste entre nous ! », au théâtre du Gymnase Marie-Bell, est bien parti pour faire durer le plaisir au-delà de la date fatidique de fin prévue le 28 avril 2019. Pour parfaire cette comédie échevelée se greffent à cette amitié de treize ans quatre trépidants comédiens habitués du boulevard. Michèle Garcia/Pierre Douglas et Isabelle de Botton/Bruno Chapelle forment deux couples proches de la cinquantaine qui marient leurs enfants respectifs. Mais il y a comme un hic au soir du mariage. Une révélation explosive fait chavirer l’existence de chacun, mais surtout leur façon de penser la vie. Les répliques sont autant de missiles de l’humour qui font mouche à chaque tir. Pas de répit entre les dialogues, c’est la tension qui grandit à mesure que l’impossible vérité se pare d’une réalité implacable pour les deux épouses : Jacques (Pierre Douglas) fait éclater au grand jour son amour pour André (Bruno Chapelle), amoureux et amants depuis deux ans. Loin de n’être qu’un vaudeville désopilant, ce texte n’a pas oublié d’être intelligent et de parler droit au cœur. « Ça reste entre nous » interroge les sentiments et leur durée, leurs faux-semblants et les petits arrangements avec soi pour ne pas voir. Un excellent pied de nez à la bien-pensance !

Alors que la soirée de mariage de leurs enfants s’achève, Jacques (Pierre Douglas), Élise (Michèle Garcia), André (Bruno Chapelle) et Martine (Isabelle de Botton) se retrouvent dans le salon de la superbe villa du premier couple. Jacques a invité les beaux-parents de sa fille à dormir chez eux, sans en faire part à sa femme. Élise ne cache pas son agacement. C’est que les deux couples ne sont pas du même monde. Un fossé culturel les sépare. Pourtant, ce fossé, Jacques l’a franchi il y a deux ans, alors qu’ils préparaient le mariage avec son compère André. En cause : l’amour ! Amoureux dès le premier regard, il choisit le soir du mariage de sa fille pour annoncer la nouvelle à Élise et à Martine. André, lui, aurait préféré que cela reste entre eux. C’est la sidération, la colère, l’accablement et une suite ininterrompue de questionnements qui ne trouvent pas de réponse. Hautaine, glaciale, pratiquant l’humour grinçant, Élise n’a jamais aimé quiconque, hormis sa fille. Trop dangereux, trop de souffrance. Elle se contentait très bien d’une mésentente cordiale, dont elle pensait sortir vainqueur en devenant veuve. Pipelette, enjouée, pratiquant l’humour salace, Martine est abasourdie. Elle verse les larmes de son amour bafoué, mais espère encore en son couple qu’elle pensait cimenté à leur fidélité… enfin presque… Quant à André, introverti peureux, il est tiraillé entre l’envie de suivre Jacques aveuglément et la crainte de déplaire à sa mère et de déclencher les effusions larmoyantes et plaintives de Martine.

Ne plus vouloir passer à côté de sa vie, voilà l’élément déclencheur du cataclysme familial. Jacques n’en peut plus de sa femme, avec qui il ne partage que des rancœurs. Brigitte Massiot s’est infiltrée avec malice dans la brèche de l’adultère à l’âge critique où le présent distingue à l’horizon le futur agitant le chiffon rouge de la mort. Avant le couperet final, les hormones en ébullition s’impatientent de jeter les masques du reniement de soi. Jacques et André ont-ils toujours été homosexuels ? Le savaient-ils ou l’ignoraient-ils ? Si ces questions ne revêtent aucune importance pour eux, elles assaillent sans repos leurs femmes respectives. Surtout Élise. Elle qui s’est arrangée avec les infidélités féminines de son mari ne comprend pas son attirance pour un homme, de surcroît pour André, un petit concessionnaire automobile sans envergure ni sex-appeal. Peu à peu, cette incompréhension furibonde laissera place à une jalousie vengeresse envers son mari. Parce que lui aura trouvé l’amour qui submerge tout. Et pas elle !

L’écriture de Brigitte Massiot titille la curiosité et fouette les dialogues jusqu’aux rires. On se laisse embarquer avec entrain dans cette fable de mœurs en même temps moderne et intemporelle. Elle ménage ses effets jusqu’à la chute inattendue de la fin des actes. Un rien rabelaisien, débordant de verves et de truculences, ce vaudeville est mené d’une baguette joyeuse et vive par le metteur en scène Olivier Macé. Sa direction avisée au plus près du tempérament des comédiens leur donne une aisance qui les transcende dans leurs différents jeux. Chacun faisant évoluer la tension de leur personnage jusqu’à ce nouvel équilibre où se rejouent les destins. Mention spéciale à Michèle Garcia et Isabelle de Botton qui forment un duo hilarant et complice, chacune tirant le meilleur de l’autre dans une valse de rires à quatre temps. Deux autres pièces sont en projet avec Olivier Macé et cinq sont prêtes à être jouées, nous confie Brigitte Massiot. À la bonne heure ! Voilà bien des perspectives réjouissantes !

À noter que cette pièce a obtenu le Second prix de la Fondation Bajen (nouvel auteur 2016 – catégorie Comédie).

Nathalie Gendreau

Crédits photos captations.fr.

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Distribution

Avec : Michèle Garcia, Isabelle de Botton, Pierre Douglas et Bruno Chapelle.

Créateurs

Auteure : Brigitte Massiot

Mise en scène : Olivier Macé
Assistante de mise en scène : Gaëlle Billaut-Danno
Décor : Olivier Prost
Musique : Frédéric Château
Lumières : Mathieu Le Cuffec
Costumes  : Brigitte Massio

Du mardi au samedi à 19 heures et le dimanche à 16 heures, jusqu’au 28 avril 2019.

Au théâtre du Gymnase Marie-Bell, 38 boulevard Bonne Nouvelle, Paris Xe.

Durée : 1h25.

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