“Brume légère sur notre amour”, Madeleine Chapsal

Temps de lecture : 3 min

 

Résumé

Cinquante ans et trente années d’amour, les « noces de perle », est-ce que cela va continuer, disons, jusqu’au bout ? C’est la question que se pose à part soi un couple de Parisiens. Roger est architecte, Martine femme au foyer, et c’est en douce que l’un et l’autre vont mettre leur amour à l’épreuve par quelques écarts, cachotteries et diverses tromperies. Le fil d’or de leur entente est-il assez solide pour résister à de telles secousses, ou va-t-il se rompre ? En cours de route, on fait de nouvelles rencontres : un autre couple, une femme souffrant poétiquement d’alzheimer, une jeune séductrice aussi, et l’on randonne sur le plateau de Millevaches. Tous incidents qu’expose avec finesse et talent Madeleine Chapsal, l’analyste des passions, dans ce roman doux et violent où bien des couples risquent de se reconnaître… Pour en rire, en pleurer, ou peut-être reprendre espoir, une fois la brume dissipée.

 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥

Au bout de trente ans de mariage, que peut-il rester du couple ? Après avoir traversé des zones de turbulence et des plages de repos, l’un et l’autre, s’ils restent accrochés, ont-ils des chances de passer ensemble le cap de ces questions qui turlupinent ? Ces questions qui instillent doutes et soupçons, qui font rêver d’un ailleurs, ou d’un ou d’une autre ? Ce sont ces aléas relationnels que décrypte Madeleine Chapsal dans Brume légère sur notre amour. Avec sa plume reconnaissable, puissante dans le minimalisme, elle dresse le portrait-robot d’un couple qui cherche, chacun à sa manière, à « s’exiler de leur passé ».

Tout commence par une lettre émouvante qu’écrit Martine à l’adresse de Violetta, son amie décédée. Une lettre qui restera dans le tiroir secret du secrétaire de marine que lui a légué son père. Ce sera le prétexte pour Martine de revivre les moments de joie avec son amie, mais aussi de se raconter sa propre vie, à un âge où le cercle d’amis se resserre inexorablement, et où l’on s’interroge sur ce que l’autre fera lorsque l’un des deux partira.

Autour de Martine, femme au foyer, et Roger, architecte, gravite un couple formé par Augustin, client de Roger, et sa femme Elvire touchée par la maladie d’alzheimer. Elvire voit dans Roger un homme qui la réconforte et elle l’attend pour le thé avec une impatience qu’elle n’oublie pas, sous l’œil bienveillant d’Augustin. Martine est piquée par le doute, un doute contrôlé, bien que l’amour-passion pour son mari l’anime toujours. Aussi va-t-elle consulter un psy, dont on apprend qu’il est son type, et lequel sera bien tenté de profiter du transfert de sa cliente. Un autre couple, un veuf et une jeunette pétillante, vient jouer sa partition dans cet hymne à l’amour où la brume, tel un voile vaporeux, vient apporter sa touche de mystère, d’incertitude et d’envie.

Par alternance des points de vue des personnages, le lecteur découvre au fil de chapitres courts l’évolution du couple depuis la rencontre, depuis cet amour exclusif qui ne laisse aucune chance à un enfant de naître, jusqu’aux souvenirs partagés de leurs voyages avec des photos que Martine compare à des herbiers figeant un temps qui glisse entre les doigts. Telles des fleurs séchées, ces photos que « le temps ne peut plus modifier », c’est l’espoir que leur histoire d’amour est arrimée pour toujours.

Un livre qui décrit la passion sans passion exacerbée, qui se tisse tranquillement avec des fils d’histoires entremêlées et un écheveau de sentiments à démêler, mais où s’enchâssent des malentendus pouvant tout détricoter… jusqu’au dénouement qui étonne par sa soudaineté et son contre-pied. Un livre qui laisse la part belle à l’imprévisible avec une économie de mots qui distille l’espérance en l’amour.

 

Éditions Fayard, mars 2016, 176 pages, 15 €.

SP

 

 

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