« La cuisine du 6e étage, du piano au réchaud ! », Nathalie George

Temps de lecture : 3 min

Extrait (page 11)
“Ce livre est un hommage à celle qui m’a transmis le goût du “savoir manger”, le sens du partage et de l’accueil, la conscience que tout se passe autour d’une table et que le fait qu’elle soit bonne transforme le quotidien en fête, les jours tristes en jours plus gais, en plaisir des sens. Que la cuisine, au-delà d’une nécessité, est une école de vie. Que l’on peut passer d’un piano à un réchaud à un feu. Que la cuisine n’est pas forcément une question de moyens : la signature de Joël Robuchon n’est-elle pas la purée de pommes de terre ?”

Nathalie George, sans “La cuisine du 6e étage, du piano au réchaud !”

Avis de PrestaPlume ♥♥♥

À l’image de son format longiligne, « La cuisine du 6e étage, du piano au réchaud », de Nathalie George, paru dans la récente maison d’éditions Herodios, est un bel objet de lecture, tout en élégance et saveurs. Construit en trois actes, ce livre de cuisine s’inspire des recettes françaises et italiennes familiales et du parcours de vie de l’auteure qui l’a vue traverser le monde jusqu’au Japon, là où elle a suivi les débuts de Joël Robuchon à Tokyo. L’auteure n’est pas une cheffe étoilée ni une critique gastronomique, mais une directrice artistique dans les domaines de la maison, de la culture et des voyages. Toutefois, elle pourrait l’être tant la cuisine, la vraie, simple et savoureuse, faite aussi à partir de restes, est constitutif de sa vie, et – devrais-je dire – de celles de générations de femmes de sa famille avant elle. Comme Gilberte ou « Gigi », sa grand-mère auprès de laquelle elle a puisé tout le savoir, en l’observant et imitant ses gestes précis et amoureux. Dans la famille, la cuisine est un savoir-faire et un savoir-être qui se transmet comme le plus précieux talisman. Un héritage universel, mais si propre à chacun que Nathalie George l’élève en école de vie.

Pour approfondir

Car, au début des années 2000, le destin projette Nathalie George dans une chambre de bonne au 6e étage avec pour seul matériel de cuisson, un réchaud à un feu, puisque contrainte d’abandonner le piano qui fait le bonheur de tant de cuisiniers. Heureusement, l’héritage culturel et familial est inaliénable. Il est et restera intact tant que Nathalie George le fera vivre. Cette cuisine qui a traversé les générations fait le bonheur des amis et des voisins qui empruntent l’escalier en hélice pour venir dîner et partager des plats concoctés avec talent sur le réchaud. Là, le bureau se transforme soudain en salle à manger, où la table est dressée dans les règles de l’art et de l’amour du beau. Peu de place, peu de matériel, peu d’argent, mais un énorme cœur qui ouvre les espaces de partage autour de cette bonne cuisine que prône Nathalie George  : œufs à la coque, brouillasse d’œufs, soupe de poisson bretonne ou du « couloir », cassoulet, veau à la moutarde, endives au jambon, brioche mousseline, sauce pesto ou Massimo pour les pâtes, risotto de lote et de langoustines, chou-fleur en gruyère, poires au vacherin, vin de pamplemousse, etc.

Dans ce livre original, qui allie cuisine et biographie, où pointent par touches délicates les saveurs de la vie, Nathalie George rend hommage à sa grand-mère Gigi, mais aussi à ses racines et cultures françaises et italiennes. Elle rend également hommage aux nombreuses personnalités de la cuisine (mais pas que) qui ont émaillé ses amitiés, de celles sincères et indéfectibles qui illuminent ses jours. Fidèles jusqu’au 6e étage, ces amitiés – qui se sont étendues aux voisins de l’étage – se concrétisent dans des témoignages version « déclarations d’amour » qui saupoudrent ce livre. On y retrouve en préface Yannick Alléno (chef du Pavillon Ledoyen triplement étoilé) ou encore le créateur et parfumeur Francis kurkdjian. « La cuisine du 6e étage, du piano au réchaud » tranche aussi des autres manuels de cuisine par son appétit de vivre, dont la transmission est lardée d’humour et de reconnaissance, de recettes faciles à réaliser avec des ingrédients simples et de petits conseils « de grand-mère » qui pourront vous faire sortir des ornières culinaires. À picorer sans modération !

Nathalie Gendreau

Éditions Herodios, 11 juin 2020, 216 pages, à 20 euros.

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