“Mon fils” – Au nom d’un père fantôme

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Prisonnier de son histoire, Srul Sheinaog est le dernier du nom, sa famille ayant été entièrement exterminée. Volontairement apatride au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il s’est fait appeler Jacques Duflot. Cet homme qui a survécu à la Shoah est resté seul avec sa peur de survivant, comme il l’expliquera à Pierre Lefrançois, le fils qu’il a refusé de reconnaître soixante ans plus tôt. Dans son testament, il demande à ce fils de le veiller une nuit, comme le veut la tradition juive. Une nuit fantomatique pendant laquelle deux êtres aux déchirures béantes vont s’opposer, s’apprivoiser et se pardonner. Dans « Mon fils », bouleversante pièce écrite, mise en scène et co-interprétée par Erwan Szejnok Zamor (au théâtre de la Contrescarpe jusqu’au 25 juin), la transmission d’un héritage familial et culturel est en jeu. Question universelle s’il en est, elle prend une dimension d’autant plus poignante lorsqu’il s’agit de celle d’un peuple martyr ayant souffert de la barbarie nazie. Mais une réconciliation est-elle possible, même par-delà la mort ?

“L’Exception”, la force vitale de la mémoire

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Dans le cadre des rendez-vous L.A.D (1 Livre, 1 Adaptation, 1 Débat), dès le mois d’octobre reprendra, au théâtre de la Contrescarpe, « L’exception », un seul en scène interprété avec force et sensibilité par Sandra Duca. Inspirée du livre de Ruth Klüger « Refus de témoigner », la pièce adaptée et mise en scène par Jacky Katu est un bouleversant hommage à toutes les victimes de la barbarie nazie. La comédienne en pyjama rayé propose une interprétation physique et émotionnelle magistrale, donnant aux scènes une brûlante réalité qui fait mal à entendre. Même ses cris les plus sourds transpercent le cœur, mettant à nu l’âpre combat. L’innocence de l’âge face à l’horreur des camps de concentration, le refus de se laisser aller face à la volonté d’exterminer, la force vitale face à l’acharnement à avilir. Sandra Duca campe dans le dénuement scénique absolu le rôle d’une petite fille juive de huit ans, enfermée à Auschwitz avec sa mère. Elle raconte au public leur parcours de prisonnières, depuis leur déportation jusqu’à leur fuite, pendant cette si longue marche de la mort. À travers l’histoire de cette petite fille qui grandit malgré tout et le pire, c’est le triomphe de la vie qui est proclamé. Quand le déjà lu rencontre le jamais vu, c’est l’exception qui jaillit des entrailles de l’oubli.

« Et pendant ce temps, Simone veille ! », un humour résolument engagé

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE
Au théâtre de la Contrescarpe, on rit à gorge déployée dans une salle bondée. Un public largement féminin vibre en accord majeur avec les quatre comédiennes. Il y a comme une entente tacite, instinctive, une communion solidaire, des expériences partagées qui résonnent de concert entre toutes les femmes. D’où vient cette magie ? Du thème proposé, pardi ! « Et pendant ce temps, Simone veille » est une comédie sur l’évolution de la condition féminine en France depuis les années 50 jusqu’à nos jours. Un vaste programme rétrospectif qui peut freiner l’élan tant le sujet est rebattu. Mais c’est sans compter la magnifique énergie des comédiennes, campant une bourgeoise, une ouvrière et une femme de classe moyenne, en outrant le trait, provoquant des situations drolatiques qui voisinent avec le burlesque, volontairement, qui laissent cependant percer un certain dépit vis-à-vis des mœurs qui n’avancent pas aussi vite que les idées et les bonnes volontés.

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