“Les Trois Mousquetaires”, Du beau et grand Dumas

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Susciter un souffle épique sur une scène de théâtre – lieu restreint par excellence – est une gageure que la compagnie du Grenier de Babouchka a tenu avec brio. Et le mot n’est pas assez puissant eu égard aux sensations éprouvées lors de la représentation des « Trois Mousquetaires », dans ce prestigieux écrin du théâtre du Ranelagh. Tout est là pour passer un excellent moment, hors du temps, ou plutôt si… à l’intérieur d’un temps autre, celui de l’aventure de cape et d’épée, d’amours contrariées, des complots et de la fraternité à la vie à la mort. Les douze comédiens, dont deux musiciens (violon, accordéon, cajon, clavier, guitare) qui semblent présider aux différentes destinées des personnages, font virevolter leurs rapières avec autant d’adresse que leur langue fleurie. Il y a de l’ardeur, du panache, une tempétueuse énergie. Drame et comédie s’entrelacent étroitement. Dans un décor nu, la mise en scène est capitale pour rythmer les nombreux actes. Charlotte Matzneff s’approprie l’espace et le rentabilise de manière époustouflante. Les scènes courtes et alertes renforcent ce sentiment d’urgence et d’intensité. L’adaptation de Jean-Philippe Daguerre et de Charlotte Matzneff est moderne tout en restant fidèle à l’esprit de l’époque et au contenu. L’histoire des trois mousquetaires se réinvente, s’étoffe et se déploie comme si c’était une première. Du bel œuvre ! Dumas en sourirait d’aise.

“Le Petit Coiffeur”, plongée délicate dans les affres de la Libération

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Avec « Le Petit Coiffeur », au théâtre Rive Gauche, Jean-Philippe Daguerre poursuit son immersion dans la Seconde Guerre mondiale entamée avec « Adieu Monsieur Haffmann » (4 Molières 2018, dont Meilleur Spectacle de Théâtre Privé et Meilleur Auteur). On se souvient avec grande émotion de cette pièce dont l’histoire se situe en 1942, au moment de l’obligation faite aux Juifs de porter l’étoile jaune. « Le Petit Coiffeur » évoque l’épuration au moment de la Libération qui vient en contrepoint de la grandeur d’âme. Dès l’ouverture du rideau, l’atmosphère rétro téléporte la salle dans un temps encore sombre, impression renforcée par le mobilier et les costumes aux couleurs froides. Côté cour, la chambre de Pierre ; côté jardin, le salon de coiffure. Tels les recto/verso d’un livre grandeur nature dont les personnages tournent les pages. Ce livre relate un drame ordinaire de cette époque où délation et règlements de compte formaient le quotidien des villes libérées. Il se focalise sur un coiffeur également peintre qui tombe amoureux de son modèle, Lise qui est une veuve au lourd secret sur la conscience. Entre lyrisme et tension, les comédiens évoluent avec aisance. On est facilement projeté dans le drame intime de cette famille, partagée entre amour et devoir, qui voit un dénouement inattendu, tout en intelligence scénique.

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