“Le monte-plats” : surchauffe en sous-sol

Le monte-plats, pinter, critique théâtre, Lucernaire

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Œuvre de jeunesse d’Harold Pinter (1957), “Le monte-plats” convoque l’ennui extrême et dérangeant, dans un huis-clos générateur de tensions et d’angoisses. Dramaturge de l’absurde, l’auteur poursuit ici la volonté de renvoyer en boomerang les questions métaphysiques que pose l’un des deux personnages : doit-on obéir aveuglément face à l’autorité ? Gus est loin d’être le plus intelligent ou le plus courageux, et pourtant c’est à travers lui que la conscience se manifeste. Mais s’interroger ainsi lorsqu’on est tueur à gages peut faire mal au matricule ! Cocasse, pourrait-on dire ? Audacieux plutôt de la part de l’auteur ! Une audace qui estompe la fadeur d’un texte en apparence anodin, truffé d’onomatopées, de mots grossiers et d’éloquents silences, où transpirent la colère contenue et la pression brutale des forces qui s’opposent. Tout est dans le non-dit ou le suggéré, renforcé par l’astuce scénique d’Étienne Launay qui en joue avec originalité. Quant aux quatre comédiens, ils sont armés d’une belle gueule de truand, à faire changer de trottoir tout innocent. Leurs munitions ? Un jeu intense, des regards glaçants et des silences écrasants.

“L’Affaire Courteline”, la comédie humaine des bons mots

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Courteline et sa puissance comique, Courteline et ses formules imagées… on ne s’en lasse pas ! La Compagnie La Boîte aux Lettres nous régale une fois de plus, après son très réjouissant “Le jeu de l’Amour et du Hasard”, de Marivaux, mis en scène en 2017. Là, sur la scène du théâtre Lucernaire, elle revisite sept saynètes caustiques tirées des essais philosophiques du dramaturge, exemplaires d’une époque et de ses mœurs sur des sujets de société qui n’ont pas vieilli d’une ride ! Le metteur en scène Bertrand Mounier a choisi d’ouvrir plus large le lit de la rivière de l’absurdité pour que les situations comiques et l’énergie formidable des comédiens puissent y prendre leurs aises. Des aises qui, le temps de la performance, défrisent la morosité et claquemurent les idées noires.

« Le Jeu de l’amour et du hasard », du classique aux couleurs sixties

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
La pièce de Marivaux “Le Jeu de l’amour et du hasard” est l’un des classiques les plus joués à la Comédie-Française, et l’on comprend pourquoi quand on la découvre ou la redécouvre. L’écriture belle et percutante est une valeur sûre, la garantie d’un très bon moment. Et quand les comédiens allient plaisir et talent et que la mise en scène de Salomé Villiers se teinte d’une modernité rétro, le plaisir s’aiguise. L’audace scénique, saupoudrée ici et là, pimente l’ensemble d’une saveur nouvelle, plus croustillante. Cette version remasteurisée sixties est une création de la Compagnie La boîte aux Lettres, qui avait déjà monté cette pièce en 2013. Les fondateurs de cette compagnie (Salomé Villiers, François Nambot et Bertrand Mounier), également comédiens, ont été bien inspirés d’avoir repris le chemin des planches le 12 avril dernier dans le joli théâtre Michel. Les amoureux de Marivaux et des belles lettres y trouveront de l’originalité à l’original.

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