“Et elles vécurent heureuses”, une comédie peps sur le bonheur

Temps de lecture : 3 min

 

THÉÂTRE & CO 

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Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥

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« Et elles vécurent heureuses » est une comédie désopilante et impertinente sur ce qu’est le bonheur ? Ce soir-là, pour le public, il est certain que le bonheur a pris ses aises au Théâtre de Dix Heures. Le texte écrit à six mains par Anne de Kinkelin, Vanessa Fery et Emmanuel de Arriba, brille par des réparties qui fusent comme des boulets et touchent juste à chaque envoi. Le match à trois est truffé de phrases-chocs selon un scénario bien ficelé qui conduit le spectateur dans le labyrinthe des états d’âme féminins. Les comédiennes complices dispensent sans compter leur joie à faire vivre leur personnage qui sont chacune à un moment critique de leur vie. Delphine (Vanessa Fery) vit un divorce difficile ; Jeanne (Leslie Bévillard) va devenir mère contre son gré et Angélique (Marie-Cécile Sautreau) suspecte l’infidélité de son fiancé une heure avant leur mariage. En l’absence inopinée de leur médecin respectif, ces trois femmes à forte personnalité se retrouvent dans la salle d’attente. Les minutes s’égrenant, elles vont se confier des bouts de leurs peines, de leurs colères, de leurs doutes. Un huis clos tout en énergie dosée, mis en scène par le performer Arnaud Maillard dans un souci de décalage constant qui donne un rythme fou et où l’ennui n’a pas sa place.

Jeanne est la première à arriver dans la salle d’attente du cabinet médical. Munie d’un pack de bières, elle s’installe sur une chaise et se met à boire. Femme libérée, célibataire, élevant l’homme au rang d’un loisir agréable, sans plus, elle vit mal la possibilité d’une grossesse non voulue. Alors elle cumule les tests pour conjurer la mauvaise nouvelle. Delphine fait son entrée criant dans le téléphone après son futur ex-mari parce qu’il rechigne à signer les papiers du divorce. La gouaille facile, le franc-parler incisif, elle ne s’en laisse pas conter. Les hommes sont tous des salauds, cela vient d’une tradition ancestrale. Il n’y a rien à y faire  : tôt ou tard, l’épouse est cocufiée, et toujours en beauté ! Quant à Angélique, c’est un ange éploré qui surgit en robe de mariée style princesse. Elle doute de la sincérité de son futur mari, elle craint qu’il ait une maîtresse. Alors elle vient demander une dispense de mariage à son médecin. Candide, lunaire, gonflée à la bienveillance, elle cristallise par son attitude tout ce que réprouvent les deux autres femmes. Car, pour elles, le mariage n’est certes pas une garantie au bonheur ! L’attente se prolongeant, Jeanne et Delphine vont s’ingénier à démonter peu à peu le culte du conte de fées pour valoriser leur philosophie de vie bien terre-à-terre. Mais la réalité mise à nue cache bien des paradoxes !

Et elles vécurent heureusesTitre ô combien allusif, « Et elles vécurent heureuses » n’emprunte aux contes de fées que cette formule clin d’œil qui évoque le fantasme du mariage heureux avec une ribambelle d’enfants joyeux. Cette comédie est tout sauf une mièvrerie sur la perfection du couple. Ce n’est pas plus un pamphlet revendicatif contre les hommes. D’autant qu’elles ne s’épargnent pas ! C’est un pur divertissement sur des sujets sérieux très actuels. Évitant l’ornière de la caricature, les auteurs ont joué de finesse en misant sur l’humour non-stop, l’ironie, l’autodérision, les répliques tantôt vachardes tantôt tendres, et toujours 100  % décomplexées. Les situations sont criantes de vérités et d’à-propos. Chaque femme est amenée à s’interroger sur le meilleur choix pour elle dans cette quête éperdue au bonheur. Ce trio infernal féminin va en débattre en toute intimité, sans filtre, mais aussi sans patience. Les disputes montent crescendo jusqu’au bord de l’explosion, entre le fou rire communicatif de Delphine et l’hallucinant mime d’une tortue d’Angélique. Vanessa Fery, Marie-Cécile Sautreau et Leslie Bévillard donnent tout et bien. Leur jeu est juste, alternant retenue et exubérance, alliant sincérité et générosité. Ce huis clos au féminin qui parle de ce que veulent les femmes est une comédie irrésistible. Mais que veulent-elles au fait ? Bah, peu de choses  : juste être heureuses, avec ou sans “il était une fois”.

Nathalie Gendreau

©Davis Twist

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Et elles vécurent heureuses“Et elles vécurent heureuses”

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Distribution

Avec Vanessa Fery, Leslie Bévillard, Marie-Cécile Sautreau

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Créateurs

Auteurs : Anne de Kinkelin, Vanessa Fery, Emmanuel de Arriba

Mise en scène : Arnaud Maillard

Musique : Anaïs


Les Mardis à 20 h / Les Vendredis 7 & 21 juin à 20 h / Les Samedis 8 & 22 juin à 18 h 30.

EN TOURNÉE
> Les 17 et 18 mai 2019, Le Darcy Comédie (Dijon)
Du 13 au 15 juin, l’Entrepot (Mulhouse) 
> Du 25 au 29 juin 2019, La compagnie du Café Théâtre (Nantes)
> Le 15 juillet 2019, le Palace (Festival d’Avignon)
> Le 7 août 2019, Le souffleur d’Arundel (Les Sables d’Olonne)


Au Théâtre de Dix Heures, 36 bd de Clichy, Paris Xe.


Durée : 1 h 10.

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1 réflexion au sujet de « “Et elles vécurent heureuses”, une comédie peps sur le bonheur »

  1. Comme souvent, Nathalie Gendreau nous fait découvrir une œuvre de théâtre. Avec les mots justes pour inciter à aller voir la pièce et quelques phrases ciselées pour aider à connaître ou à comprendre les messages des auteurs. Messages d’actualité servis avec des éclats de rire.

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