“La douce nuit qui parle” : beau, tout simplement

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
La vie théâtrale reprend, et avec elle la découverte de créations qui transcendent le quotidien. Moult fois reportée, « La douce nuit qui parle » se joue enfin au théâtre de la Boutonnière, un ancien atelier qui se découvre en fond de cour, rue Popincourt, juché en hauteur. Comme la promesse de côtoyer les étoiles. Discret et intimiste, il est le parfait écrin d’une pièce puissante et bouleversante sur deux monstres sacrés : Marguerite Duras et Jeanne Moreau. Inconditionnelle de la première et admirative de la seconde, l’auteure et journaliste Marielle Cro a imaginé les retrouvailles de ces deux êtres qui s’aimaient d’une amitié sincère et passionnée, que la renommée a séparés. Pour Jeanne Moreau, Marguerite Duras était sa première amitié féminine, et son absence une blessure. Elles accompliront leur destin dans le silence d’une amitié éteinte, qu’un rien aurait pourtant pu ranimer. Ce rien, Marielle a osé le provoquer, a posteriori, dans cette réalité fictive qui entend réparer l’amitié brisée. Lors « d’une douce nuit », elle a convoqué les deux icônes autour d’un ultime dîner pour s’expliquer dans un duo ciselé et des monologues poignants. Solange Pinturier (Jeanne Moreau) et Louisa Baileche (Marguerite Duras) se coulent avec bonheur dans la peau de leur personnage et « parlent » au cœur du public qu’elles invitent, par un jeu sobre et chaleureux, dans leur intimité élargie.

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