Critique de « Beyrouth Hôtel », un choc culturel à huis clos (♥♥♥ )

Beyrouth Hôtel Théâtre du Gymnase

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Dans un climat de guerre latente, ponctuée d’attentats, la vie s’écoule à Beyrouth. Comme elle peut. Comme son peuple l’entend. Pour survivre, pour conjurer le malheur larvé qui plane sur ce beau pays. Jouée au théâtre du Gymnase, la pièce de Rémi De Vos, « Beyrouth Hôtel », s’inscrit dans ce paysage de conflits qui donne le ton et le sel à un choc culturel entre l’Occident et l’Orient. Il imagine une rencontre entre un auteur dramatique français, un égocentrique raté et désabusé, et une réceptionniste libanaise affriolante, boulimique de fêtes et d’insouciance. Pendant cinq jours, cet auteur attend son rendez-vous avec un metteur en scène local qui se disait intéressé par sa pièce, mais qui demeurera aux abonnés absents. Une confrontation culturelle, émaillée d’incompréhensions, alternant entre rapprochement et rejet, s’installe alors entre la jeune femme dont l’appétit de vie fait injure à l’humeur chagrine et anxieuse de son client…

“Un contrat”, du polar dans les règles de l’art duelliste

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Manquer ce duel psychanalytique eut été dommage. « Un contrat », seule pièce de théâtre (1999) de Tonino Benacquista, est un polar théâtral hors norme, aux dialogues percutants, à l’humour noir et au raisonnement subtil. Défini par son auteur comme un « western psychanalytique », la tension et le suspense montent crescendo dans une salve ininterrompue de répliques qui font mouche et percent les carapaces des deux protagonistes. C’est un duel au sommet de l’intelligence qui se déroule en deux actes et un épilogue au théâtre du Gymnase Marie-Bell, où le silence est polymorphe. D’un côté, la loi du silence du chef de gang angoissé et, de l’autre, le secret professionnel du psychanalyste de renom. Haletante et captivante à la fois, la confrontation est menée avec des nuances de jeu d’une justesse rare de la part des deux comédiens, allant pour l’un de l’écoute bienveillante à l’écoute contrainte, et pour l’autre allant des menaces aux révélations. Ce duel psychologique, dont l’issue reste imprévisible, atteint son apogée à la dernière réplique. Du grand art ! Patrick Seminor (le psychanalyste) et Olivier Douau (le chef de gang) font montre d’une belle présence scénique, judicieusement orientée par le metteur en scène Stanislas Rosemin. Économie de gestes, silences éloquents, peur à fleur de peau, regards pénétrants forment un tout palpable qui donne corps aux mots et à leurs conséquences. Remarquable !

Pin It on Pinterest