“Les Trois Mousquetaires”, Du beau et grand Dumas
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Susciter un souffle épique sur une scène de théâtre – lieu restreint par excellence – est une gageure que la compagnie du Grenier de Babouchka a tenu avec brio. Et le mot n’est pas assez puissant eu égard aux sensations éprouvées lors de la représentation des « Trois Mousquetaires », dans ce prestigieux écrin du théâtre du Ranelagh. Tout est là pour passer un excellent moment, hors du temps, ou plutôt si… à l’intérieur d’un temps autre, celui de l’aventure de cape et d’épée, d’amours contrariées, des complots et de la fraternité à la vie à la mort. Les douze comédiens, dont deux musiciens (violon, accordéon, cajon, clavier, guitare) qui semblent présider aux différentes destinées des personnages, font virevolter leurs rapières avec autant d’adresse que leur langue fleurie. Il y a de l’ardeur, du panache, une tempétueuse énergie. Drame et comédie s’entrelacent étroitement. Dans un décor nu, la mise en scène est capitale pour rythmer les nombreux actes. Charlotte Matzneff s’approprie l’espace et le rentabilise de manière époustouflante. Les scènes courtes et alertes renforcent ce sentiment d’urgence et d’intensité. L’adaptation de Jean-Philippe Daguerre et de Charlotte Matzneff est moderne tout en restant fidèle à l’esprit de l’époque et au contenu. L’histoire des trois mousquetaires se réinvente, s’étoffe et se déploie comme si c’était une première. Du bel œuvre ! Dumas en sourirait d’aise.