“Trahisons”, l’amour conté à rebours
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Après “Le Monte-plats” d’Harold Pinter en 2015 et 2016, Christophe Gand récidive en mettant en scène avec finesse et intelligence une autre pièce de cet auteur prolifique au théâtre Lucernaire. Sous influence autobiographique, “Trahisons” autopsie l’amour et l’amitié, en dévoilant les trahisons entre le mari, la femme et l’amant. Un trio somme toute banal dans la littérature, qui tend souvent à dévier vers le vaudeville dans le spectacle vivant. Or Harold Pinter prend le contre-pied avec l’élégance d’un danseur étoile pour narrer son histoire à rebours, par petits sauts de dates, de 1975 à 1968. Il insuffle ainsi à sa pièce une énergie dans les échanges et une profondeur dans les silences, remodelant la banalité en originalité. En remontant les événements depuis la fin de l’histoire jusqu’à son début, l’auteur s’attache davantage le public complice qui, sachant tout, se voit ressentir de l’empathie et reste bienveillant devant les égoïsmes des personnages qui s’affrontent.