Critique sur “Moi aussi, j’ai vécu”, tendresse au panthéon des souvenirs (Coup de cœur)

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Sur la scène de la salle Jean-Topor, au théâtre du Rond-Point, un homme se livre. À moins que ce soit la part de l’enfant qui n’a pas grandi. De son livre autofictionnel éponyme, « Moi aussi, j’ai vécu » (éd. Flammarion), Hélios Azoulay a tiré un seul-en-scène poétique, tendre, bouleversant, captivant. Accompagné dans cette écriture par le metteur en scène Steve Suissa, l’humoriste-romancier nous conte le clair-obscur de ses tourments à travers une narration où l’imaginaire et la fantaisie se taillent la part belle. Ce compositeur et clarinettiste, également directeur de l’Ensemble de Musique Incidentale, nourrit ses propres sonorités intérieures qu’il nous transmet, sous l’empire d’une désarmante extravagance. Ainsi, le comédien relate ses retrouvailles avec son père, mort trente-cinq ans plus tôt, en Inde. Chaque fois, il le perd et le retrouve lorsque celui-ci se rend aux toilettes, comme si c’était le passage le plus direct pour rejoindre l’Eden des nostalgiques fantômes. Ce scénario aux étranges tonalités du souvenir réincarné est le prétexte souverain pour le comédien de défricher le chemin de son enfance, qu’il dit éclatée. Ainsi se réconcilie-t-il avec ses douleurs, son manque et ses failles. Ce retour en arrière porté tant par les mots que par les notes de musique lui est nécessaire pour crier à la face du monde, et donc de lui-même, que, lui aussi, il a vécu. Malgré tout.

“Horowitz, le pianiste du siècle”, l’inaccessible à portée de mains

Vladimir Horowitz Francis Huster Claire-Marie Le Guay Théâtre Critique Chronique Blog Steve Suissa Salle Gaveau

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Impensable, ambitieux, fou, périlleux. Sur le papier, tous ces qualificatifs sur le spectacle Horowitz, le pianiste du siècle battent la démesure. Sur scène, ce 3 février 2018 à la Salle Gaveau, à Paris, ils s’inclinent devant la simplicité des talents réunis et la pureté des interprétations, au premier rang duquel Vladimir Horowitz. Le virtuose à la vie tourmentée, l’explorateur de l’ombre et de la lumière. L’aventurier ardent défenseur de sa différence. Un homme qui a traversé le XXe siècle avec la musique comme seul guide. Pour restituer le jeu de ce pianiste disparu en 1989, Claire-Marie Le Guay incarne ce même cœur qui bat le tempo avec fougue et dextérité. Pour soutenir cette âme forte, Francis Huster offre son timbre sans nul autre pareil, qui fait remonter des profondeurs de l’oubli une histoire passionnante et singulière. Après avoir accordé le pianiste à sa musique et son parcours, le metteur en scène Steve Suissa lui insuffle la vie grâce à un mur d’images et de séquences filmées. Des souvenirs d’un monde sépia, des instantanés de drames et des éclats de notes. La trinité indivise d’un destin glorieux.

“La vie est plus belle en musique”, Claire-Marie Le Guay

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Claire-Marie Le Guay en est convaincue : la vie est plus belle en musique ! La volée de notes sur la couverture illustre l’enthousiasme qui se répand au fil des pages en une variation de rythmes sous la baguette passionnée d’une virtuose du piano et des sensations. Balayés les a priori ou la retenue, ce livre brillant n’est pas fait que pour les initiés ! « La vie est plus belle en musique » est un ouvrage didactique à la portée de toutes les émotions, qui réussit à concilier tous les publics et à captiver tant le mélomane averti que le profane complexé. La musique classique parle à tous, mais son universalité n’embrasse que ceux qui lui prêtent l’oreille. C’est ce que propose humblement la pianiste concertiste. À travers les œuvres citées, Claire-Marie dévoile aussi la femme passionnée et engagée, au gré des notes de musique qui égrènent les siècles sans perdre de leur force ni de leur poésie. C’est un livre précieux à garder toujours près de soi, tel un remède aux maux de l’âme, dans lequel puiser sans fin selon les humeurs et les envies.

« À droite à gauche », la politique d’en rire

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
Pour les “quinze irrévocables”, après plus de 250 représentations depuis 2016, la comédie de Laurent Ruquier “À droite à gauche » réunit un duo improbable qui évolue et interagit comme des inséparables, deux artistes magnifiques dont la rencontre devient une évidence artistique. D’un côté Francis Huster jouant le rôle de Franck Tierson, un acteur riche et célèbre, divorcé et seul, étendard de la gauche caviar triomphante et qui le revendique… par solidarité avec les gens du peuple. De l’autre Régis Laspalès, alias Paul Caillard, chauffagiste en déplacement pour réparer une chaudière dans un luxueux appartement. Naïf par humanité et homme de bon sens, il assure être de droite “n’ayant pas les moyens de voter à gauche”. La situation, cocasse et inattendue, digne du pur boulevard, prépare à une conversation surréaliste qui abolit la langue de bois. Enfin !

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