Critique sur “Moi aussi, j’ai vécu”, tendresse au panthéon des souvenirs (Coup de cœur)

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Sur la scène de la salle Jean-Topor, au théâtre du Rond-Point, un homme se livre. À moins que ce soit la part de l’enfant qui n’a pas grandi. De son livre autofictionnel éponyme, « Moi aussi, j’ai vécu » (éd. Flammarion), Hélios Azoulay a tiré un seul-en-scène poétique, tendre, bouleversant, captivant. Accompagné dans cette écriture par le metteur en scène Steve Suissa, l’humoriste-romancier nous conte le clair-obscur de ses tourments à travers une narration où l’imaginaire et la fantaisie se taillent la part belle. Ce compositeur et clarinettiste, également directeur de l’Ensemble de Musique Incidentale, nourrit ses propres sonorités intérieures qu’il nous transmet, sous l’empire d’une désarmante extravagance. Ainsi, le comédien relate ses retrouvailles avec son père, mort trente-cinq ans plus tôt, en Inde. Chaque fois, il le perd et le retrouve lorsque celui-ci se rend aux toilettes, comme si c’était le passage le plus direct pour rejoindre l’Eden des nostalgiques fantômes. Ce scénario aux étranges tonalités du souvenir réincarné est le prétexte souverain pour le comédien de défricher le chemin de son enfance, qu’il dit éclatée. Ainsi se réconcilie-t-il avec ses douleurs, son manque et ses failles. Ce retour en arrière porté tant par les mots que par les notes de musique lui est nécessaire pour crier à la face du monde, et donc de lui-même, que, lui aussi, il a vécu. Malgré tout.

Critique de “Un fauve dans Rome”, Nathalie Cohen (♥♥♥♥)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Deuxième opus d’une série (après « Modus operandi »), le thriller historique de Nathalie Cohen « Un fauve dans Rome » (éd. Flammarion) est une incursion passionnante et sidérante dans la Rome Antique, sous le règne de Néron (de 54 à 68 après J.-C.). Cet empereur est connu pour avoir été un bourreau sanguinaire, débauché et pervers qui s’imaginait artiste. Serait-ce lui, le fauve ? À moins que ce soit cet incendie dévastateur qui ravagea Rome du 18 au 24 juillet 64 après J.-C et fit des milliers de morts et plus de 200 000 sans-abri ? Mais ce fauve peut être tout aussi bien l’une des âmes damnées de l’empereur, Lucius Cornelius Lupus, un pourvoyeur d’enfants pour les lupanars de la Cité aux sept collines et les fêtes orgiaques de Néron. Dans cette époque brutale, la vertu des stoïciens résiste, même si elle n’est pas en odeur de sainteté auprès de l’Empereur. Parmi ces hommes, Marcus Tiberius Alexander, qui fut, enfant, un esclave et un martyr sexuel. Aujourd’hui, il est un haut gradé dans le corps des « Vigiles Romae », ces « yeux de Rome » chargés de maintenir la paix publique et de lutter contre les incendies. Attaché à son travail, il est parvenu à ensevelir en lui les traumatismes de l’enfance. Mais, lorsqu’il apprend que des enfants romains de bonne famille sont subtilisés à leurs parents pour les vendre, les horreurs qu’il a subies par le passé refont surface. Il n’aura alors de cesse de retrouver ces enfants jusque dans l’antre du fauve… quitte à y laisser la vie.

“Very Math Trip”, la mission sacrée de Manu Houdart

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Les langues vivantes, on connaît. En revanche, qui aurait accordé du crédit à l’existence des maths vivantes ? Pourtant, le Belge Manu Houdart nous le prouve A + B avec une énergie folle, lors de son spectacle au théâtre du Gymnase. « Very Math Trip » est un voyage ludique et pédagogique à travers le temps et les chiffres pour démythifier cette matière sur lesquels bon nombre d’entre nous ont buté, à un moment ou à un autre de notre scolarité. Que l’on ait été un petit génie ou un cancre, ou même une tête en l’air qui comprenait les maths ou pas selon le prof, ce spectacle est fait pour tous, petits et grands ! Prouesse incroyable de la part de ce prof de mathématique qui s’est donné pour mission d’être un vulgarisateur universel, non pas pour redonner aux maths ses lettres de noblesse, mais bien pour annoncer l’allégresse qu’elle procure et toute la poésie qu’elle recèle. Sous la direction de Thomas le Douarec (metteur en scène du spectacle Les Hommes viennent de Mars et les Femmes de Vénus), et avec une bonne dose d’humour, d’esprit et d’inventivité pour donner du sens à cette matière au premier abord rébarbative, Manu Houdart casse la baraque et nous dispense ses effets « Waooh ! » à foison.

“Naturopathie – le guide saison par saison”, Loïc Ternisien

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
Personne ne contestera à Socrate que le bien le plus précieux est la santé. Mais la conserver implique le respect de son corps, et donc d’être à son écoute. Loïc Ternisien, naturopathe diplômé N.D, a lui-même expérimenté dans son corps tous les bienfaits d’une nourriture saine, en accord avec les saisons, pour le guérir. Dans son livre « Naturopathie, le guide saison par saison » (Éditions Flammarion), le naturopathe propose un ouvrage complet pour prévenir les déséquilibres du corps, le protéger et le renforcer toute l’année, saison après saison. Facile à consulter, il explique les principes de base de la bonne santé en naturopathie. Un quiz permet de déterminer votre tempérament dominant. En effet, le corps est bileux, sanguin, lymphatique ou nerveux tout à la fois, mais dans des proportions plus ou moins prononcées. En ayant connaissance des aliments à privilégier selon la saison, votre système immunitaire, mais aussi digestif, respiratoire, nerveux sera plus robuste. En complément, toujours saison par saison, l’auteur suggère des fiches remèdes à base de plantes, au long court et pour les urgences, mais aussi des mouvements pour étirer les méridiens. Avec tous ces conseils, vous ne serez plus démunis face aux rhumes hivernaux, aux allergies printanières, aux fatigues, tant physiques que mentales, ou encore aux coups de blues !

“Un développement très personnel”, Sabrina Philippe

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
La recherche du bien-être – ou du moins, si possible, du mieux-être – par toutes les techniques qui s’offrent à soi est une activité de chaque instant. Des ouvrages fleurissent chaque saison littéraire, souvent des manuels expliquant aux lecteurs des recettes miracle pour être en paix avec soi-même et les autres. Le roman a l’avantage de leur donner le choix de prendre ou pas le message délivré et ne les contraint pas à la passivité. Avec « Un développement très personnel », paru chez Flammarion, Sabrina Philippe a opté pour cette voie, tout en lumière et simplicité. Elle fait la critique d’une profession multi-facettes, souvent accessible par quelques stages de formation, parfois faisant du mal-être un business lucratif et peu scrupuleux. Ce qui distingue ce roman de ceux qui débordent des rayons de librairies depuis des décennies, c’est que le lecteur ne découvre pas combien le héros « coach » a aidé ses patients/clients, mais ce que son introspection sur ce qu’il a fait et fait pour lui-même et sur les conséquences de ses conseils sur autrui a produit sur lui. Sabrina Philippe, psychologue et chroniqueuse à la télévision et sur les ondes de radio, met ainsi en scène une remise en cause profonde d’une véritable « gourou » du bien-être qui s’est éloignée de son propre chemin intérieur, trompée par les sirènes du succès, occultant les bleus de sa propre histoire. Très divertissant et instructif, ce roman nous transforme en petite souris ravie de s’aventurer dans la tête d’un coach en mal de soi.

“Quelque chose dans la tête”, Denis Kambouchner

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Voilà un essai qui ne casse pas la tête et ne cherche pas à vous enfoncer ses idées dans… le crâne ! Nul besoin de se mettre martel en tête ou quelque chose dans la tête… Quoi que, si ! Telle est justement la question que se pose Denis Kambouchner dans « Quelque chose dans la tête », aux éditions Flammarion. Ce philosophe et professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, grand spécialiste de Descartes et des questions d’éducation, se fait pédagogue dans cet édifiant essai dédié à la culture, et particulièrement de la mémoire, distillant savamment l’abstrait et le concret. Il s’interroge ainsi sur les « qualités d’une tête bien faite » et se plaît à disséquer les différents usages du mot « tête ». Bille en tête, il annonce la couleur de sa méthode : deux parties composent l’ouvrage. urel que l’on a dans la tête, ce qu’il devrait être et ne pas être, et si nous avons perdu le jugement. La seconde évoque la transmission, c’est-à-dire ce que l’on transmet et la manière de le faire. Ce bagage n’est-il pas constitutif d’un héritage familial mais aussi sociétal ?

“La vie est plus belle en musique”, Claire-Marie Le Guay

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Claire-Marie Le Guay en est convaincue : la vie est plus belle en musique ! La volée de notes sur la couverture illustre l’enthousiasme qui se répand au fil des pages en une variation de rythmes sous la baguette passionnée d’une virtuose du piano et des sensations. Balayés les a priori ou la retenue, ce livre brillant n’est pas fait que pour les initiés ! « La vie est plus belle en musique » est un ouvrage didactique à la portée de toutes les émotions, qui réussit à concilier tous les publics et à captiver tant le mélomane averti que le profane complexé. La musique classique parle à tous, mais son universalité n’embrasse que ceux qui lui prêtent l’oreille. C’est ce que propose humblement la pianiste concertiste. À travers les œuvres citées, Claire-Marie dévoile aussi la femme passionnée et engagée, au gré des notes de musique qui égrènent les siècles sans perdre de leur force ni de leur poésie. C’est un livre précieux à garder toujours près de soi, tel un remède aux maux de l’âme, dans lequel puiser sans fin selon les humeurs et les envies.

“Le roman vrai de la Manipulation”, Vladimir Fédorovski

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
« Le Roman vrai de la Manipulation » est le dernier-né de Vladimir Fédorovski. Il vient s’inscrire dans la lignée de la collection « Roman de », dont les remarqués « Le Roman de Saint-Pétersbourg » et « Le Roman de Raspoutine ». Pour l’ancien diplomate d’origine russe, qui a aiguisé ses qualités d’observateur au contact des plus grands manipulateurs de son temps, ce livre n’est pas juste un ouvrage sur la manipulation à travers des personnages historiques. Il est le « miroir de la situation actuelle ». Pour l’auteur, on vivrait aujourd’hui la période la plus dangereuse pour l’histoire de l’Humanité. Pourtant, la manipulation n’a-t-elle pas toujours existé, depuis que le pouvoir a fait de l’homme un esclave !? En fait, l’art de la manipulation aurait muté dans une nouvelle forme : « Auparavant, les gens mentaient et ne croyaient pas à leur mensonge, explique-t-il. Il y avait une distinction entre la politique et la propagande. De nos jours, comme les gouvernants sont en majorité néophytes et souvent incompétents, ils mentent et croient à leurs mensonges, qu’il s’agisse de la Russie ou de l’Occident ! »

“Les promesses de l’âge”, Perla Servan-Schreiber

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Au fil des pages des « Promesses de l’âge », chez Flammarion, Perla Servan-Schreiber répète à l’envi qu’elle aime son âge. Elle a 75 ans et elle en assume tous les aspects, aussi bien négatifs que positifs. Car, oui, sachez-le, on peut vieillir dans la joie et la plénitude des années qui se remplissent d’instants vécus en pleine conscience. C’est là où réside le secret de Perla. La pleine conscience des heures qui passent, des instantanés fugaces, un sourire, une main tendue, un bouton de rose qui éclot, un vol de perdrix dans la brume. Chacun a ses moments à lui, il suffit d’entraîner ses sens à cette recherche active du plaisir et du beau. Il y a une certaine urgence à vivre sereinement dans cet ouvrage, à vivre bien, au mieux possible de sa santé, ce qui n’est pas toujours aisé, ni inné. C’est du travail, en vérité, mais il est, selon Perla Servan-Schreiber, tellement bénéfique ! Au prix de certains renoncements, si minimes d’ailleurs puisque les goûts et les exigences évoluent avec les années, les découvertes sont à la portée de tous et de toutes. N’est-ce pas excitant ?

“Révolution, 100 ans d’Octobre rouge”, rétrospective d’un monde disparu

Temps de lecture : 2 min ACTUALITÉ
En ce 12 janvier 2017, veille de l’ancien Nouvel An russe et année du centenaire de la Révolution d’Octobre, les éditions Macha Publishing ont organisé un événement festif à la librairie Flammarion du Centre Pompidou autour de son ouvrage richement illustré consacré à l’histoire culturelle de l’URSS, Révolution 100 ans d’Octobre rouge. Lors de cette soirée, l’auteure Catherine Bertho-Lavenir a passionné son auditoire en relatant la genèse du projet, sa démarche en tant qu’historienne, les difficultés qu’elle a eu à faire face et ses réflexions qui ont surgi au fur et à mesure de ses investigations “J’ai cherché les grandes références que partageaient les habitants de ce monde disparu”, résume-t-elle, encore imprégnée de ce travail exaltant.

“L’homme qui brûlait d’être Dieu”, Jean-Michel Riou

Roman de Jean-Michel Riou

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
Avec L’homme qui brûlait d’être Dieu, l’aventure tend la main, comme une invite à la découverte. Mais, pas n’importe laquelle… celle de l’Arabie Heureuse. On ne peut qu’être intrigué par l’évocation poétique d’un endroit où l’on imagine que la mort se fait plus pressante que nulle part ailleurs. C’est le royaume de la Reine de Saba, le Yémen. Du sable, du sable… et quelque part dans cette étendue de désert, la vie qui renaît !

“Curieux objets, étranges histoires – 33 objets, 33 destins extraordinaires”, Pierre Bellemare et Véronique Le Guen

Temps de lecture : 2 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥
S’il y a un nom qui fait voyager dans le temps, c’est bien celui de Pierre Bellemare. Un fameux “Sésame, ouvre-toi” sur l’enfance d’abord, ces exquis moments où l’on écoutait ou dévorait ses Dossiers extraordinaires ; puis sur le passé au travers du prisme d’histoires vraies d’anonymes ou pas. Bref, friand on l’est, friand on le reste !

Caroline Loeb, une artiste au féminin pluriel

Temps de lecture : 5 min PORTRAIT PASSION
Caroline Loeb ne lâche rien. Depuis C’est la ouate, elle avance, traçant son sillon selon ses passions, ses coups de cœur, ses rencontres et ses idéaux auréolés d’indépendance et d’affirmation de soi. Cabossée par un air qui colle à la peau, redressée par la volonté d’exister, elle s’impose sans bruit, mais assurément, dans un univers tissé de mots, de profondeur et de grands airs… de liberté. Cette liberté passe en ce moment par une grande dame de la littérature, Françoise Sagan, dont elle incarne la pensée lors de son monologue de théâtre, mis en scène par Alex Lutz, depuis le 11 juin dernier au Théâtre du Marais, puis au Théâtre du Petit Montparnasse depuis septembre 2017. Retour sur une succession de petits miracles qui ont fait de Caroline Loeb une artiste au féminin pluriel.

“Montvert-les-Bains”, Maurice Denuzière

Temps de lecture : 4 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
L’historien et journaliste Maurice Denuzière fait son grand retour dans une forme jaillissante. C’est un retour aux sources des sagas avec la famille Saintour, propriétaire depuis trois générations de la station thermale de Montvert-les-Bains, à la frontière suisse. Le décor est planté au début du siècle dernier. Entre l’exposition universelle de Paris d’août 1900 et l’attentat de Sarajevo de juin 1914, c’est une plongée profonde dans plusieurs univers pour Laurent, le héros.

Olivier Macé, la force de l’optimisme

Olivier Macé

Temps de lecture : 5 min PORTRAIT PASSION
Le metteur en scène Olivier Macé revient sur une carrière aux cent et quelques pièces de théâtre, et sur une trajectoire aux expériences aussi diverses qu’inattendues, pour en arriver au métier de l’art du spectacle vivant. Quand le disparate s’ordonne, c’est l’histoire d’une vie qui prend sens.

“Comédie française – Ça a débuté comme ça”, Fabrice Luchini

Fabrice Luchini Comédie française

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
Il est un personnage qui frappe par sa sonorité. Les premières notes suffisent à organiser une petite révolution dans le corps, où les hormones du bonheur se disputent les honneurs. En cause ? Une cascade de phrases éblouissantes où l’écrit et l’oralité copulent par alternance. Un généreux cataclysme articulaire qui offre aux mots une nouvelle couleur, une intention neuve.

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